Agripina Ugarte; Photographe et peintre chilienne (Grande mère maternelle)
Ismael Norambuena; un formidable professeur d'art qui m'a appris techniquement. les outils necessaires pour être capable de prendre un mur de 35 m² comme une simple feuille A4. Portrait réalisé dans son atelier de la rue Dardignac à Santiago. 1982

Une immersion dans l’art pour écrire une destinée

Je suis né dans une famille amatrice d’art et artiste avec un entourage de personnalités intellectuelles. De mes grands-parents maternels photographes, dont ma grand-mère aussi peintre qui fréquentait le noyau culturel progressiste dont Juan Francisco Gonzales (un « Monet » chilien), en passant par mon parrain qui veillait à cultiver ma curiosité artistique, mon arrière grand père maternel qui corrigeait les écrit des début de Gabriela Mistral dans la revue « ILA IDEA » qui viendra plus tard prix Nobel de littérature du Chili, puis mes parents férus d’arts qui m’emmenaient régulièrement dans les musées.

Lorsque j’étais enfant, l’art était intimement lié à la vie sociale suite au coup d’état de 1973, par le chef d’armé Augusto Pinochet qui renversa le président socialiste démocratiquement élu, Salvador Allende. Le Chili a alors vu naître une série d’œuvres nocturnes réalisées par la « Brigade Ramona Parra » qui peignait une réalité sociale, comme un journal écrit sur les murs de la ville et dont mon professeur d’arts plastiques, Jorge Parra était un membre éminent.

Cette immersion dans l’art depuis mon enfance a donc doucement gagné mon inconscient jusqu’à commencer à me faire prendre conscience au lycée que cela pouvait être un avenir, ce qui m’a encouragé à entrer dans une école privée de décoration d’intérieur/designer par la suite.

Mon entourage culturel et intellectuel m’a mené à une réflexion sur moi-même pour exercer un renforcement et une évolution d’un point de vue personnel qui a ressurgi sur ma passion de l’art en lui apportant plus d’exigence car « on ne peut pas exiger des autres si on ne s’exige pas à soi-même ».

Cette période d’introspection a marqué ma vie et grâce à l’entourage intellectuel familial, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mentor : Ismael Norambuena. Il m’a pris sous son aile durant 4 ans dans son atelier durant lesquelles nous avons réalisé un travail technique exigent mais aussi une réflexion profonde et importante sur l’art et la vie qui nourrissait et éduquait mon âme d’artiste.

Grâce à cet apprentissage, Ismael m’a permis de me réaliser comme artiste et de me révéler ma voie, en m’offrant par la même occasion la confiance en moi qui me manquait en me nommant auxiliaire durant ses cours.

Mon rapport à l’art

Je me rappelle du premier tableau qui m’a marqué, un cadeau de Juan Francisco Gonzales à ma grand-mère. C’était un tableau plutôt petit en toile de jute grossière qui représentait deux ou trois maisons. Il m’a surpris par sa simplicité et la composition de son ambiance et m’est toujours resté en mémoire depuis.

L’art est mon langage. L’usage de la parole pourrait m’être facultatif puisque l’art me sert à communiquer aux autres, tout ce que je ressens et donc tout ce que je suis, comme il servait autrefois au Chili d’outil de communication dans les temps difficiles. Aujourd’hui, l’art au Chili rend les gens complice d’une évolution sociétale et c’est dans cette même veine que s’inscrit mon projet artistique qui témoigne de l’évolution d’une société.

Mon projet artistique initial est fondé sur le mariage de l’art et l’environnement ce qui était, à l’époque de mes débuts, une idée totalement avant-gardiste et farfelue. J’ai développé ce projet à mon arrivée en France, durant deux ans, à l’Institut d’étude social de Lyon, sous forme d’une bourse d’études pour lequel j’ai réalisé une œuvre sur sept murs d’un octogone retraçant l’évolution de la vie du « quartier des clochettes »(Autour de l’École Ouverte du quartier;St Fons), de la zone sauvage, à l’aménagement des espaces verts et du quartier industriel qui le dominait, avec la complicité des enfants du quartier et des professeurs de l’école.

Aujourd’hui, j’ai choisi de réaliser des expositions sur les « Gares » pour représenter l’aspect écologique d’une part, par la masse des transports présent dans ces lieux et l’économie réalisée par la concentration des gens pour se déplacer, et d’autre part, les nombreux liens sociaux de ces lieux qui font partie de notre quotidien, ce que résume parfaitement l’art : un lien de communication pour essayer une prise de conscience et améliorer les choses en pointant du doigt ce qui ne va pas.

J’utilise également l’art pour mettre en valeur les traditions, y compris dans les techniques et les matériaux que j’utilise qui traduisent mon côté conservateur des traditions et de l’identité sociétale, notamment dans les thèmes d’exposition « Terroir » et « Racines ».

Je me suis formé aux techniques des aquarelles(par Léa Kleiner au Chili et Lek Nakarat à Mâcon), l’acrylique, le pastel sec, l’huile, la tempera pour la peinture et à l’encre, le fusain et le crayon pour le dessin. J’aime travailler avec des matériaux naturels pour mettre plus d’authenticité dans mes créations, c’est pourquoi je fabrique moi-même mes pigments, mes aquarelles, la tempera (œuf), la peinture à l’huile et les acryliques.

J’aborde le thème de l’écologie et de la nature par mes expositions sur les « Mapuches », un peuple aborigène vivant au Chili et en Argentine qui vivent uniquement grâce à la nature et aux plantes. Ils ont su s’adapter à leur environnement et aux envahisseurs (Incas, Espagnols..chiliens ) pour apprendre et en tirer ce dont ils avaient besoins pour évoluer et survivre.

Mes influences

Plusieurs moments dans ma vie ont marqué mon évolution en tant que personne et artiste. L’un d’eux a été de fréquenter le groupe philosophique de l’« Institut philosophique hermétique » dont l’un de mes amis qui en faisait partie m’a prodigué un conseil qui faisait sens à chaque grandes étapes de ma vie dès lors : «  Vois ce qui se passe, vois ce que tu vois, ne tombe pas dans la crainte face aux fantômes que la vie pose devant toi, reste dans la sérénité et tu réussiras . »

A partir de ce moment, les épreuves de la vie ne me faisaient plus peur car j’en tirais une force pour avancer et réaliser mes projets et je continuais à apprendre grâce à des influences philosophiques